
Alcondoms Cameroun is an organisation of sex workers of all sexual orientations, established in 2012. It is managed mainly by sex workers who recognise sex work as work, while contributing to the establishment and strengthening of the movement. Its main objective is to promote a society that respects and defends sex workers’ rights (right to health, human rights, labour rights, right to self-determination, right to access health services, information, and training).
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Parlez-nous de votre organisation
ALCONDOMS Cameroun est une organisation Camerounaise de Travailleurs et Travailleuses du sexe de tout genre et orientation sexuelle, créée en 2012. Elle est gérée principalement par les TravailleurSEs du sexe, qui reconnaissent le travail du sexe comme un travail, et contribuent eux-mêmes à la mise en place et au renforcement de l'organisation. Son principal objectif est de promouvoir une société qui respecte et défend les droits des TravailleurSEs de sexe (droit à la santé, droits de l'homme, droits du travail, droit à l'autodétermination, droit d'accéder aux services de santé, à l'information, et à la formation).
Nous faisons beaucoup de plaidoyer pour assainir l’environnement juridique autour du travail de sexe au Cameroun et sommes ainsi sollicités par les programmes nationaux pour identifier les priorités des travailleurSEs du sexe.
Quelle est l’histoire de votre organisation ? Comment et pourquoi a-t-elle été formée ?
Le travail du sexe est considéré illégal au Cameroun. La prostitution et le racolage sont pénalisés par le Code Pénal en son Article 343. Il déclare que sera puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans ferme et d’une amende de 20.000 à 500.000 francs, quiconque vendrait régulièrement des services sexuels à d'autres.
Malgré le nombre croissant de TS masculins au Cameroun, aucune action spécifique n’est engagée jusqu’ici. Les arrestations des travailleurs du sexe masculins et transgenres en activité sont fréquentes et ceux entretenant des rapports sexuels avec des personnes de même sexe sont généralement poursuivis pour homosexualité. La société camerounaise semblerait être plus tolérante au travail du sexe féminin et l’existence d’une loi discriminatoire force les TS masculins et transgenres à exercer dans la clandestinité. C’est pour ces raisons que Alcondoms a vu le jour en 2012 et a développé des actions telles que la (patrouille nocturne), et (Alcondoms online). Les conditions de travail sont généralement dégradées et dégradantes, les TS sont exposés quotidiennement au viol et autres formes de violence, au chantage et à l’extorsion, aussi bien de la part des clients, que des agents de police. Les TS masculins et transgenres sont plus vulnérables encore que leurs pairs féminins à cause de l’homophobie et de la transphobie ambiantes.
Le plan national de lutte contre le VIH et le programme financé par le Fonds mondial ne prévoient pas de volet de prévention pour les TS masculins et transgenres, de ce fait, la plupart des programmes existant sont menées par les organismes non identitaires qui prennent des décisions à la place des membres de la communauté des travailleurSEs du sexe.

Dans quels pays et/ou régions travaillez-vous ?
Nous sommes situés au Cameroun, particulièrement dans les régions du littoral, dans la ville de Douala, au lieu-dit Bonaberie, mabanda rue 4085.
Quels sont les domaines prioritaires dans lesquels votre organisation travaille ?
Le travail sexuel reste une activité socialement stigmatisée, et parfois émotionnellement exigeante. C’est la raison pour laquelle Alcondoms Cameroun, association de travailleurSEs du sexe crée depuis 2012 avec l’appuis du RED UMBRELLA et plusieurs autres partenaires a développé trois programmes en direction des travailleurSEs du sexe au Cameroun :
- Prévention
- Santé
- Droits humains
Prévention
- Sensibilisation sur les lieux de consommation du sexe, dans les sites de rencontres, et réseaux sociaux
- Conseil prévention
- Causeries éducatives
- Causeries inter- personnel
- Groupes de parole
Santé
- Organisation des dépistages des IST /VIH
- Distribution du matériel de prévention
- Prise en charge partiel des IST/VIH (système de référence)
Droits humains
- Observatoire
- Recherche sur les violations des Droits des TDS
- Conseil juridique
- Référence pour assistance juridique
Fournissez-vous des services aux travailleuses du sexe ? De quels services s’agit-il ?
Nous mettons tous nos bénéficiaires dépistés positifs au VIH sous traitement en dispensant les ARV. A partir de notre laboratoire nous faisons des prélèvements gratuitement pour des examens. Nous maintenons les personnes positives sous traitement. Nous nous assurons que la charge virale de nos bénéficiaires reste indétectable pour tous nos clients sous traitement, et avons des indicateurs pour cela.
Nous faisons baisser la stigmatisation et la discrimination à l’encontre de nos bénéficiaires en collaborant avec les instances étatiques. Nous renforçons les capacités de nos bénéficiaires afin qu’ils puissent se défendre en revendiquant leurs droits lors des arrestations arbitraires.
Nous faisons de la sensibilisation de proximité sur différents thèmes : VIH/Sida, IST, droits humains, violences basées sur le genre. Nous faisons également de la distribution de préservatifs et de lubrifiant. Notre organisation propose également des groupes d’auto-soutien pour les travailleuses du sexe vivant avec le VIH, des conseils nutritionnels, des repas communautaires et des kits alimentaires. Également beaucoup de formations : droits humains, plaidoyer, lobbying, estime de soi, pair-éducatrices, parajuristes, violence basée sur le genre. Beaucoup de nos membres sont formés en technique de transformation des fruits et légumes locaux. Celles qui veulent arrêter le travail du sexe ont été également formées en gestion et ont pu bénéficier de prêts de la part de quelques structures financières, des prêts d’ALCONDOMS.

Faites-vous du travail politique ou organisez-vous des campagnes ? De quel type ?
Les facteurs de la vulnérabilité des travailleurs du sexe au Cameroun sont entre autres : la pauvreté persistante, l'exclusion sociale, l’isolement des mères adolescentes, l'exclusion scolaire, le rejet familial, la faiblesse des systèmes de protection, (parent seul, le manque d'accès à la prévention, au traitement et aux soins, la stigmatisation et la discrimination).
Les risques associés à ces facteurs sont facilités par le multi partenariat sexuel, les relations sexuelles non protégées, la précocité du sexe, la prévalence élevée du VIH, la faible puissance pour la négociation du rapport sexuel et la consommation de drogues... Nous insistons donc sur la promotion des droits humains des travailleuses du sexe en menant des campagnes de plaidoyer pour un cadre légal d’exercice du travail du sexe.
Nous luttons également pour un accès efficace aux services de soins dédiés aux travailleuses du sexe. Nous menons des plaidoyers pour une prise en charge médicale moins stigmatisante.
A travers des réunions de collaboration avec les instances et les partenaires locaux, nous sommes impliqués dans la mobilisation, le dépistage et nous profitons de ces différentes collaborations pour présenter les besoins réels des membres de notre communauté. Nous avons eu du succès :
- la possibilité de distribuer des ARV à nos bénéficiaires dans notre siège
- la collaboration avec les districts de santé de la région pour la prise en charge des bénéficiaires séropositifs.
- la collaboration avec les responsables de l'application des lois.
- la mise en place d'un don (bâtiment) au sein de notre siège dédié exclusivement aux activités de prévention.
Comment les travailleuses du sexe sont-elles réellement incluses dans l’organisation ?
L’organe décisionnel de l’organisation est composé à 98% de travailleurSEs du sexe. Tous les membres sont également des travailleurSEs du sexe. Les travailleurSEs du sexe participent aux formations, et au lobbying pour la cause, elles prennent toutes les décisions du groupe, et font partie de l’organe de décision.
Parlez-nous d’un grand événement ou d’un défi sur lequel vous avez travaillé récemment
Un plaidoyer auprès des acteurs et décideurs a permis de devenir un centre de dispensation des ARV grâce à la dotation d’un nouveau bâtiment exclusivement destiné au bien être des travailleurs et travailleuses du sexe de la ville de Douala par un de nos partenaires basé en Suisse.
- La nécessité de décentraliser la dispensation communautaire des ARV permettant ainsi à nos bénéficiaires de pouvoir s’approvisionner au sein du centre.
- L’amélioration de l’accès des travailleuses de sexe à tous les services de santé ;
- La lutte contre la stigmatisation et la discrimination subies par les TS au niveau des services de santé ;
- La présence d’un médecin prescripteur, pour la dispensation et les consultations gratuites.
Quels sont les défis auxquels votre organisation est confrontée ?
Notre principal défi est la déconstruction, la décriminalisation du travail du sexe, le changement de mentalité et l’implication des forces de maintien de l’ordre afin d’avoir un cadre légal d’exercice du travail de sexe au Cameroun.
L’organisation a-t-elle un message pour le mouvement des droits des travailleuses du sexe ? Qu’en est-il des personnes extérieures au mouvement ?
Nous pensons sincèrement que le mouvement des droits des Travailleuses du sexe ne devrait pas se laisser distraire mais poursuivre son but et ses objectifs tout en gardant à l’esprit que la victoire se présentera au bout de l’effort.
Les principaux accomplissements en matière de développement et de renforcement de notre organisation se trouvent de prime abord dans sa légitimité d’existence en tant qu’association qui promeut les droits des travailleurs et travailleurs du sexe. Notre organisation a su se faire des alliés tels que les organisations sœurs travaillant dans la même thématique, l’organisation non gouvernementale et certaines ambassades qui nous viennent en appui technique ainsi que financier. Et si aujourd’hui notre organisation peut se targuer de faire partie de nombreux autres réseaux cela est synonyme d’accomplissement en matière de développement et de renforcement organisationnel. Et à noter qu’elle fonctionne pleinement respectant les clauses du régime d’association que lui est reconnue la législation camerounaise sur la liberté d’association.
De plus, la mise en place d’un processus de plaidoyer visant à la déconstruction, la décriminalisation du travail du sexe, le changement de mentalité et l’implication des forces de maintien de l’ordre est l’une des stratégies innovantes et constructive que nous avons pu expérimenter depuis quelques temps, et nous avons cette impression qu’une oreille attentive nous est tendue, de manière pratique, nous organisons des sessions de causerie éducative sur les réalités que vivent les travailleuses du sexe au quotidien, et à chaque session, nous évaluons le niveau d’acceptabilité avant et après le dialogue.
Il en ressort que de manière générale les idées précaires se déconstruisent au fil du temps, la seule difficulté est la rotation des agents dans le service, raison pour laquelle nous sommes parfois obligés de faire plusieurs passages dans un même commissariat en espérant sensibiliser les nouveaux agents.
Un mouvement fort pour les droits des travailleuses du sexe permet d’intensifier les efforts nationaux qui visent à créer des cadres juridiques, sociaux et politiques favorables dans chaque contexte national afin d’éliminer la stigmatisation, la discrimination et la violence liées au travail du sexe.
Les personnes extérieures au mouvement devraient savoir que le travail du sexe reste un travail comme tout autre travail, et que tout être humain devrait être respecté quelqu’un soit le travail qu’il ou elle a décidé d’effectuer.

Tell us about your organisation
ALCONDOMS Cameroun is an organisation of sex workers of all sexual orientations, established in 2012. It is managed mainly by sex workers who recognise sex work as work, while contributing to the establishment and strengthening of the movement. Its main objective is to promote a society that respects and defends sex workers’ rights (right to health, human rights, labour rights, right to self-determination, right to access health services, information, and training).
We do a lot of advocacy to reclaim the legal environment of sex work in Cameroon and we are also called upon by national programs to identify sex workers’ priorities.
What is the history of the organisation? How and why was it formed?
Sex work is considered illegal in Cameroon, arrests of active male and transgender sex workers are frequent. Despite the growing number of male sex workers in Cameroon, no specific action has been taken so far. Prostitution and soliciting are penalised by the Penal Code, Article 343. It declares that anyone who regularly sells sexual services to others will be punished with imprisonment from six months to five years and a fine of 20.000 to 500.000 francs. Arrests of active male and transgender sex workers are common, and those having sex with people of the same sex are generally prosecuted for homosexuality. Despite the growing number of male sex workers in Cameroon, no specific action has been taken so far.
Cameroonian society appears to be tolerant to female sex work, and the existence of a discriminatory law forces male and transgender sex workers to work underground. This is the reason why Alcondoms was created in 2012 and has developed actions such as the night patrol, and Alcondoms online. Working conditions are generally degraded and degrading, sex workers are exposed daily to rape and other forms of violence, to blackmail and extortion, both from clients and police officers.
Male and transgender sex workers are even more vulnerable than their female peers because of ambient homophobia and transphobia.
The national plan against HIV and the program funded by the global fund do not include a prevention component for male and transgender sex workers, hence most existing programs are run by non sex worker organisations who make decisions for members of the sex worker community.
Sex work remains a socially stigmatised and emotionally demanding activity.
What is the sex work context in your country/region?
We are based in Cameroon, especially in the coastal regions, in the city of Douala, at a place called Bonaberie, mabanda street 4085.
What are the priority areas that your organisation works in?
Sex work remains a socially stigmatised and sometimes emotionally demanding activity.
This is the reason why Alcondoms Cameroun, an association of sex workers established in 2012 with the support of RED UMBRELLA and several other partners has developed three programs for sex workers in Cameroon:
- Prevention
- Health
- Human rights
Prevention
- Outreach in places of sexual consumption, dating sites and social networks
- Prevention tips
- Educational talks
- Interpersonal interviews
- Discussion group
Health
- Organisation of STI/HIV screening
- Distribution of prevention material
- Partial management of STIs/HIV (referral system)
Human rights
- Observatory
- Research on sex workers rights violations
- Legal advice
- Referral to legal assistance

Do you provide services to sex workers? What services are these?
All our beneficiaries who are tested positive to HIV are put on ARV treatment. In our laboratory, we offer free testing. We maintain people living with HIV on treatment. We ensure that the viral load of our beneficiaries remains undetectable, for all our clients on treatment, and we have indicators for this.
We reduce stigma and discrimination against our beneficiaries by working with state authorities. We strengthen the capacities of our beneficiaries so that they can defend themselves by asserting their rights during arbitrary arrests.
We do local awareness campaigns on different themes: HIV/AIDS, STIs, human rights, gender-based violence. We also distribute condoms and lubricant. Our organisation also offers self-support groups for sex workers living with HIV, nutritional counseling, community meals and food kits. Also a lot of training: human rights, advocacy, lobbying, self-esteem, peer-educators, paralegals, gender based violence. Many of our members are trained in local fruit and vegetable processing techniques. Those who want to stop sex work have also been trained in management and have benefited from loans from some financial structures provided by Alcondoms.
Do you do political work, or campaigns? What kind?
Vulnerability factors for sex workers in Cameroon are, among others: persistent poverty, social exclusion, teenage pregnancy and motherhood, school exclusion, family rejection, weak protection systems, single parent, lack of access to prevention, treatment and care, stigma and discrimination.
The risks associated to these factors are facilitated through multiple sexual partnerships, unprotected sex, early sex, high HIV prevalence, low potency for negotiating sex and drug use... We therefore insist on the promotion of sex workers’ human rights by leading campaigns to advocate for a legal framework for the practice of sex work.
We are also fighting for effective access to health care services dedicated to sex workers. We advocate for a less stigmatising medical care.
Through collaborative meetings with local authorities and partners, we are involved in mobilisation, testing, and we take advantage of these different collaborations to present the real needs of our community members. We have had success: the possibility of distributing ARVs to our beneficiaries in our headquarters; collaboration with the health districts of the region for the care of HIV positive beneficiaries; collaboration with law enforcement officials; and a building within our head office is dedicated exclusively to prevention activities.
How are sex workers meaningfully included in the organisation?
98% of the organisation’s decision-making body is made of sex workers. All members are also sex workers. Sex workers participate in trainings, and lobbying for the cause, they make all group decisions, and are part of the making decision body.
Tell us something you have worked on recently.
Advocacy with stakeholders and decision makers to be an ARV dispensing centre and the allocation of a new building exclusively intended for the well-being of sex workers in the city of Douala by one of our partners based in Switzerland.
- The need to decentralise the dispensing of ARVs thus allowing our beneficiaries to obtain supplies within the centre.
- Improving access for sex workers to all health services;
- The fight against stigma and discrimination suffered by sex workers in health services;
- The presence of a prescribing doctor, for the dispensing and free consultations.

What challenges does your organisation face in the future?
Our main challenge is the deconstruction, decriminalisation of sex work, the change of mentality and the involvement of law enforcement forces to have a legal framework for the practice of sex work in Cameroon.
Does the organisation have a message for the sex worker rights movement? What about for people outside of the movement?
We sincerely believe that the sex worker rights movement should not be distracted but pursue its purpose and objectives while bearing in mind that victory will come with hard work.
The main achievements in the development and strengthening of our organization are found primarily in its legitimacy of existence as an association that promotes the rights of sex workers. Our organisation has been able to make allies such as sister organisations working on the same theme, the non-governmental organisations and certain embassies who provide us with technical and financial support. And if today our organization can claim to be part of many other networks, it is synonymous with achievement in terms of organisational development and strengthening. And to note that it operates fully respecting the clauses of the association regime recognized by Cameroonian legislation
In addition, the establishment of an advocacy process aimed at the deconstruction and decriminalization of sex work, the change of mentality and the involvement of law enforcement is one of the innovative and constructive strategies that we have been able to experiment for some time, and we have the impression that a listening ear is tended to us, in a practical way we organise educational chat sessions on the realities that sex workers live on a daily basis, and at each session we evaluate the level of acceptability before and after the dialogue.
It generally emerges that precarious ideas are deconstructed over time, the only difficulty is the rotation of agents in the service, which is why we are sometimes obliged to make several visits to the same police station, hoping to sensitise the new agents.
A strong movement for the rights of sex workers can intensify national efforts aimed at creating supportive legal, social and policy frameworks in each national context in order to eliminate stigma, discrimination and violence related to sex work.
Those outside the movement should know that sex work is still a job like any other job, and that every human being should be respected no matter what job he or she decides to do.